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Guy de Maupassant

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A ÉMILE STRAUS
(original en francés)

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      [Enero de 1888]

      Mi querido amigo,
      Recibo una nueva carta de Ollendorff que me dice esto: « Parece que el Figaro va a plantear su defensa diciendo que publicando su prólogo consideraba estar prestándole un servicio, y que, en consecuencia, estaba perfectamente autorizado a  reproducir lo que quisiera.»
      Voy de asombro en asombro.
      El estudio que he dado al Figaro no es en principio un prólogo, sino una obra de crítica contenida en el mismo volumen que una obra de análisis. Ambos tienen a mis ojos la misma importancia.
      Mi estudio sobre la Novela es tan poco un prefacio a Pierre et Jean, que he impedido a Ollendorff servirse de la palabra prefacio y de imprimirla. Desde hace tiempo quería exponer mis ideas sobre mi arte, con el objeto de no dar pretextos a errores y equívocos sobre mi. Pierre et Jean constituyen un volumen muy corto, he publicado mi estudio sobre la Novela bajo la misma portada. He hecho aparecer Pierre et Jean en la Nouvelle Revue, y mi estudio crítico en el Figaro
      Si hubiese, por el contrario, publicado en primer lugar el estudio crítico en la Nouvelle Revue, y en segundo lugar Pierre et Jean en el Figaro, ¿habrían podido cortar la mitad del relato bajo pretexto de que ésta servía únicamente  para hacer publicidad del estudio crítico? Para el Figaro, todo es publicidad, todo gira en torno a la publicidad, y todo se limita a una cuestión de dinero. Esta manera de ver es verdaderamente extraña, y simplifica por lo demás las ideas literarias.
      Es de todo punto indiscutible que no hay ninguna relación entre el estudio de costumbres de Pierre et Jean, y el estudio literario contenido en el mismo volumen, que he debido, en la primera frase del segundo, explicar como dos cosas tan diferentes se encontraban tan próximas, pues mis ideas sobre la Novela comportan la condenación de la novela que las sigue. He aquí esta frase: « No es mi intención abogar a favor de la novelita que sigue. Por el contrario, las ideas que intentaré hacer comprender implicarían más bien la crítica del género llamado de estudio psicológico, estudio que he emprendido en Pierre et Jean.  Voy a ocuparme de la novela en general etc. etc. »
      ¡En resumen!
      He reunido en un mismo volumen dos obras muy diferentes e incluso contradictorias. No hay relación entre ellas. Según la costumbre, antes de publicarlas en volumen, he deseado publicarlas la una en una revista, la otra en un periódico. He elegido la Nouvelle Revue y el Figaro. La Nouvelle Revue no habría tenido más derecho a modificar el texto de Pierre et Jean que el Figaro  de modificar el texto de mi estudio sobre la Novela contemporánea.
      Si elegí el Suplemento literario del Figaro para esta última publicación, fue justamente porque quería que fuese publicada de una sola vez, que no fuera fragmentada, que apareciese de un solo golpe, el mismo día, el encadenamiento de las ideas desarrolladas en ese trabajo no soportaba interrupciones. Sin esto me habría sido muy fácil escribir un artículo de cabecera, no para el Suplemento, sino para el propio periódico, lo que habría sido preferible desde el punto de vista de la publicidad invocada por el Figaro, y entonces no habría tenido que esperar ocho días para que el Suplemento se publicase.
      El Suplemento me ofrecía la ventaja de publicar en una sola vez mi estudio completo; y esa consideración me decidió. 
      Le escribo de prisa estas páginas. ¿Son claras?
      Muy cordialmente

GUY DE MAUPASSANT

Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


A ÉMILE STRAUS

[Janvier 1888.]

      Mon cher ami,
      Je reçois une nouvelle lettre d'Ollendorff qui me dit ceci : « Il paraît que le Figaro va plaider qu'en publiant votre préface il entendait vous rendre un service, et que, par conséquent, il était parfaitement autorisé à n'en donner que ce qu'il voulait. »
     Je vais d'étonnement en étonnement.
      L'étude que j'ai donnée au Figaro n'est point une préface, mais une œuvre de critique contenue dans le même volume qu'une œuvre d'analyse. Elles ont à mes yeux une importance égale.
      Mon étude sur le Roman est si peu une préface à Pierre et Jean, que j'ai empêché Ollendorff de se servir de ce mot préface et de l'imprimer. Depuis longtemps je voulais dire mes idées sur mon art, afin de ne plus laisser de prétextes à des méprises et à des erreurs sur mon compte. Pierre et Jean formant un volume très court, j'ai publié mon étude sur le Roman sous la même couverture. J'ai fait paraître Pierre et Jean à la Nouvelle Revue, et mon étude critique au Figaro.
      Si j'avais au contraire publié en 1er lieu l'étude critique à la Nouvelle Revue, et en 2e lieu Pierre et Jean au Figaro, aurait-on pu couper la moitié de la nouvelle sous prétexte qu'elle servait uniquement à faire de la réclame à l'étude critique ? Pour le Figaro, tout est réclame, et tout vise à la réclame, et tout se borne à une question d'argent Cette manière de voir est vraiment bizarre, et simplifie par trop les idées littéraires.
      Il est tellement indiscutable qu'il n'y a aucun rapport entre l'étude de mœurs Pierre et Jean, et l'étude littéraire contenue dans le même volume, que j'ai dû, dans la première phrase de la seconde, expliquer comment deux choses si différentes se trouvaient rapprochées, car mes idées sur le Roman comportent la condamnation du roman qui les suit.
      Voici cette phrase. « Je n'ai point l'intention de plaider ici sur le petit roman qui suit. Tout au contraire, les idées que je vais essayer de faire comprendre entraîneraient plutôt la critique du genre d'étude psychologique que j'ai entreprise dans Pierre et Jean. Je veux m'occuper du Roman, en général etc. etc. »
     En résumé !
      J'ai réuni dans un même volume deux œuvres très différentes et même contradictoires. Il n'y a pas de lien entre elles. Selon l'usage, avant de les publier en volume, j'ai désiré les publier l'un dans une revue, l'autre dans un journal. J'ai choisi la Nouvelle Revue et le Figaro. La Nouvelle Revue n'aurait pas eu davantage le droit de modifier le texte de Pierre et Jean que le Figaro n'avait celui de modifier le texte de mon étude sur le Roman contemporain.
      Si j'ai choisi le supplément littéraire du Figaro pour cette dernière publication, c'est justement parce que je voulais qu'elle fût faite en une seule fois, qu'elle ne fût pas coupée, qu'elle parût d'un seul coup, le même jour, l'enchaînement des idées développées dans ce travail ne supportant pas d'interruption. Sans cela il m'aurait été bien facile d'en tirer un article de tête, non pour le supplément, mais pour le journal lui-même, ce qui aurait été bien préférable du point de vue réclame invoqué par le Figaro, et alors je n'aurais pas dû attendre huit jours pour que le Supplément fût libre.
      Le Supplément m'offrait cet avantage de publier en une fois mon étude complète ; et cette considération m'a décidé.
      Je vous écris à la hâte ces quelques pages. Sont-elles claires ?
      Bien cordialement,

GUY DE MAUPASSANT

 Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/