Carta anterior: 721 |
Carta 722 |
Carta Siguiente:723 |
Cannes,
Hotel Victoria
[septiembre de 1891.]
Estoy completamente mal. Me ha cogido el frío sobre el Bel-Ami durante
esos paseos por mar, largos e inmóviles, y estoy baldado de reumatismos y
dolores de vientre tan terribles que estoy en la cama desde hace ocho días.
Usted me aconseja una casa en el Esthérel, pero
eso es más glacial que Paris. Allí no hay ninguna especie de casa.
Portquerolles no tiene casas. Es una isla fría en este momento y no llegan
víveres más que por Toulon.
Y usted no piensa en las duchas, en los baños de
vapor, en el calor de la vivienda, en la confortabilidad que me resulta
indispensable para vivir durante los inviernos semejantes al que viene y que se
vaticina terrible. Por otro lado, he alquilado en Cannes un encantador chalet,
al abrigo de todos los vientos, en pleno Midi, (y lo lamento profundamente) no
pudiendo servirme de mi barco. Y luego la proximidad de mi familia me pone
nervioso horriblemente, sin la que ese chalet, a pleno sol, totalmente bonito
con un delicioso jardín, me ofrecería un abrigo perfecto.
Con mis nervios tan delicados y tan sensibles al
frío, una casa aislada en esa estación llegaría al extremo de mi vida en un
mes.
Necesito mil detalles de constante higiene, agua
sobre todo. Y tengo aquí una ducha suficiente pero no vapor. Mi pequeña casa
será ideal, pues ni el viento del Este, ni el del Norte, ni el Mistral, pueden
afectarla. Está a medio camino de la ciudad detrás y alrededor de ella. Si
fuese mía, la llamaría mi brasero, pues tiene unas chimeneas excelentes en
todas las habitaciones, enorme cocina, bonito salón, gran comedor. En el primer
piso una habitación enorme para mí con una cama de un metro cincuenta de
largo. Aseo muy grande, todo eso con vistas al mar y al golfo: cuarto de
invitados tan hermoso como el mío. Dos habitacións para la servidumbre; todo
esto muy elegante, muy coqueto, encantador. Un jardín lleno de flores ante la
puerta. La he alquilado del 15 de octubre al 15 de mayo al objeto de poder ir a
Divonne cuando la deje. Con los grandes fríos iré a Paris, teniendo mi
apartamento todos los aparatos de hidroterapia y de vapor necesarios.
Trataré de que mi familia me deje en paz
haciéndoles comprender que soy un ser desaparecido, que debe vivir solo para
cuidar su cerebro que cualquier agitación turba. Me molestaría enormemente
perder la suma de este alquiler del que ya he pagado la mitad. Cannes no está
lejos. Y siempre supe que allí no veré más que a mis amigos. Tendré ademas
delicias en Niza. Los Rivoli. Sustituiré el barco, que me hiela los huesos, por
el triciclo, que es un ejercicio violento del que me he encontrado bien para el
vientre sobre todo, e incluso para los ojos, pues descongestiona la cabeza.
Venderé ademas ese barco durante el invierno y
mi presencia es necesario para ello. Me cuesta demasiado caro en esta etapa
crítica de mi vida.
¿Qué piensa usted de estos proyectos? Yo los
creo acertados a pesar de todo. Puesto que estaré instalado sin viajes lejanos,
no sé como, puedo encontrar aquí el confort casi absoluto.
Respóndame rápido a París, mi muy querido amigo. Yo
estaré allí el miércoles por la tarde.
GUY DE MAUPASSANT
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
Cannes, Hôtel Victoria
[septembre, 1891.]
Je vais tout à fait mal. Le froid m'a saisi sur le Bel-Ami pendant ces
promenades en mer longues et immobiles, et je suis perclus de rhumatismes et de
douleurs de ventre si terribles que je suis au lit depuis 8 jours.
Vous me conseillez une maison dans l'Esthérel
mais c'est plus glacial que Paris l'Esthérel. Il n'y a là aucune espèce de
maison. Portquerolles non plus n'a pas de maisons. C'est une île froide en ce
moment à y crever en un mois et pas de vivres que par Toulon.
Et vous ne songez donc pas aux douches, aux bains
de vapeur, à la chaleur du logis, au confortable qui me sont indispensables
pour vivre dans des hivers pareils à celui qui vient et qu'on annonce terrible.
D'ailleurs j'ai loué à Cannes un chalet charmant, à l'abri de tous les vents,
en plein midi, (et je le regrette profondément) ne pouvant plus me servir de
mon bateau. Et puis le voisinage de ma famille m'énerve horriblement, sans quoi
ce chalet en plein soleil est tout à fait joli avec un délicieux jardin,
m'offrirait un abri parfait.
Avec mes nerfs si délicats et si sensibles au
froid une maison isolée en cette saison verrait le bout de ma vie en un mois.
Il me faut mille détails d'hygiène constante, l'eau surtout. Et j'ai ici une
douche suffisante mais pas de vapeur. Ma petite maison serait un idéal, car ni
le vent d'est, ni celui du Nord, ni le mistral ne peuvent l'atteindre. Elle est
à mi-côte avec la moitié de la ville derrière et autour d'elle. Si elle
était à moi je l'appellerais ma chaufferette, car elle a des cheminées
excellentes dans toutes les pièces, superbe cuisine, beau salon, grande salle
à manger. Au premier une chambre énorme pour moi avec un lit de 1 m. cinquante
de large. Cabinet de toilette très grand, tout cela avec vue de la mer et du
golfe : chambre d'ami aussi belle que la mienne. Deux chambres de domestiques ;
tout cela très élégant, très coquet, charmant. Un jardin plein de fleurs
devant la porte. Je l'ai louée du 15 octobre au 15 mai afin de pouvoir aller à
Divonne en la quittant. Par les grands froids j'irais à Paris, mon appartement
ayant tous les appareils hydrothérapiques et de vapeur nécessaires.
Je tâcherai que ma famille me f... la paix en lui
faisant comprendre que je suis un être disparu, qui doit vivre seul pour
soigner son cerveau que toute agitation affole. Cela m'embêterait rudement de
perdre encore le prix de cette location dont j'ai déjà payé la moitié.
Cannes n'est loin de rien. Et j'ai toujours su n'y voir que mes amis. J'en aurai
d'ailleurs de délicieux à Nice. Les Rivoli. Je remplacerai par le tricycle qui
est un exercice violent dont je me suis trouvé bien pour le ventre surtout et
même pour les yeux, car il décongestionne la tête, le bateau qui me glace les
os. C'est embêtant tant pis. Je vendrai d'ailleurs ce bateau pendant l'hiver et
ma présence est nécessaire pour cela. Il me coûte trop cher en cette crise de
ma vie.
Que pensez-vous de ces projets ? Je les crois
sages malgré tout. Puisque sans voyages lointains où je serais installé je ne
sais comment, je peux trouver ici le confortable presque absolu.
Répondez-moi vite à Paris, mon bien cher ami. J'y
serai mercredi soir.
GUY DE MAUPASSANT
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/