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Marie Bashkirtseff

Carta 318 
DE MARIE BASHKIRTSEFF
A MAUPASSANT

(Original en francés)

Guy de Maupassant  Carta siguiente: 319

  

Marzo 1884

      Su carta, señor, no me sorprende y no esperaba todo esto que usted parece creer.
      En primer lugar yo no le he solicitado ser su confidente, sería demasiado simple, y si tiene tiempo para releer mi carta, podrá comprobar que no captó de entrada, el tono irónico e irreverente que yo empleé al respecto.
      Me indica usted también el sexo de su otro corresponsal, le agradezco que me tranquilice, pero mis celos eran totalmente espirituales, por lo que me importa poco.
      ¿Responderme a unas confidencias, sería el acto de un atolondrado, teniendo en cuenta que usted no me conoce?... ¿Sería abusar de su sensibilidad, señor, aprender de usted a quemarropa la muerte del rey Enrique IV?
      Responder a unas confidencias, puesto que usted ha interpretado que yo se lo solicitaba, a vuelta de correo, sería burlarse espiritualmente de mí y si yo hubiera estado en vuestro lugar, lo habría hecho, pues estoy alguna vez muy alegre estando a menudo bastante triste como para soñar el desahogarme por carta con un filósofo desconocido y para compartir sus impresiones sobre el Carnaval. Completamente y profundamente sentí esa historia, dos columnas que releí tres veces, pero en venganza, tuve que soportar la cantinela de la vieja madre que se venga de los Prusianos1!
      Con respecto al encanto que el misterio puede agregar, todo depende de los gustos... Que ello no le divierta, ¡está bien!, pero a mí me divierte con locura, se lo confieso sinceramente del mismo modo que la alegría infantil que me ha producido su carta, tal cual.
       Por lo demás, si esto no le divierte, es porque ni una sola de sus corresponsales ha debido interesarle, eso es todo, y si yo tampoco he sabido tocar la nota justa, soy demasiado razonable como para guardarle rencor por ello.
      ¿Nada más que 60? Yo le había creído más obsesivo... ¿Ha respondido usted a todas? Mi temperamento intelectual puede no convenirle... Usted sería muy difícil... en fin, me imagino que le conozco (es el resto del efecto que los novelistas producen en las mujercitas un poco tontas). Por tanto usted debe tener razón.
      Como yo le escribo con la más grande sencillez (por encima del sentimiento además indicado), puede que tenga el aire de una joven sentimental o incluso de una buscadora de aventura...Esto sería una contrariedad.
      No se disculpe entonces de su falta de poesía, galantería, etc.
      Decididamente mi carta era aburrida.
      ¿Dejaremos esto así, para mi muy gran pesar? A lo mejor se me ocurre algún día demostrarle que no merecía el número 61.
En cuanto a sus razonamientos, son buenos pero parten de falsedades. Yo le perdono entonces e incluso las tachaduras y la vieja y los prusianos! ¡¡¡ Sea feliz!!!
      Sin embargo, si lo único que se necesita es una descripción, para así atraer hacia mí las virtudes de su anciana alma sin olfato, yo podría decirle por ejemplo: cabellos rubios, talla media. Nacida entre el año 1812 y el año 1863. Y en el aspecto moral...No, daría la impresión de estar jactándome, y usted descubriría enseguida que soy de Marsella.2

      PD.- Perdóneme las manchas y las tachaduras, etc, pero ya la he reescrito tres veces.

1 Se refiere al cuento de Maupassant "La mére Sauvage"
2  Los habitantes de Marsella tienen fama de ser exagerados.

      Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant


DE MARIE BASHKIRTSEFF
A MAUPASSANT

[Mars 1884.]

      Votre lettre, Monsieur, ne me surprend pas et je ne m'attendais pas tout à fait à ce que vous semblez croire.
      Mais d'abord je ne vous ai pas demandé d'être votre confidente, ce serait un peu trop simple, et si vous avez le temps de relire ma lettre, vous verrez que vous n'aviez pas daigné saisir du premier coup le ton ironique et irrévérencieux que j'ai employé à mon égard.
      Vous m'indiquez aussi le sexe de votre autre correspondant, je vous remercie de me rassurer, mais ma jalousie étant toute spirituelle, cela m'importait peu.
      Me répondre par des confidences, serait l'acte d'un écervelé, attendu que vous ne me connaissez point ?... Serait-ce abuser de votre sensibilité, Monsieur, que de vous apprendre à brûle-pourpoint la mort du roi Henri IV ?
      Répondre par des confidences, puisque vous avez compris que je vous en demandais par retour du courrier, serait vous moquer spirituellement de moi et si j'avais été à votre place, je l'aurais fait, car je suis quelquefois très gaie tout en étant souvent assez triste pour rêver des épanchements par lettre avec un philosophe inconnu et pour partager vos impressions sur le Carnaval. Tout à fait bien et profondément sentie cette chronique, deux colonnes qu'on relit trois fois, mais en revanche, quelle rengaine que l'histoire de la vieille mère qui se venge des Prussiens ! (Ça doit être de l'époque de la lecture de ma lettre.)
      Pour ce qui est du charme que peut ajouter le mystère, tout dépend des goûts... Que ça ne vous amuse pas, bien, mais moi ça m'amuse follement, je le confesse en toute sincérité de même que la joie enfantine causée par votre lettre, telle quelle.
Du reste, si ça ne vous amuse pas, c'est que pas une de vos correspondantes n'a su vous intéresser, voilà tout, et si moi non plus je n'ai pas su frapper la note juste, je suis trop raisonnable pour vous en vouloir.
      Rien que 60 ? Je vous aurais cru plus obsédé... Avez-vous répondu à toutes ?
       Mon tempérament intellectuel peut ne pas vous convenir... Vous seriez bien difficile... enfin je m'imagine que je vous connais (c'est du reste l'effet que les romanciers produisent sur les petites femmes un peu bêtes). Pourtant vous devez avoir raison.
      Comme je vous écris avec la plus grande simplicité (par suite du sentiment sus-indiqué), il se peut que j'aie l'air d'une jeune personne sentimentale ou même d'une chercheuse d'aventure... Ce serait bien vexant.
      Ne vous excusez donc pas de votre manque de poésie, galanterie, etc.
      Décidément ma lettre était plate.
      A mon très vif regret, en resterons-nous donc là ? A moins qu'il me prenne envie quelque jour de vous prouver que je ne méritais pas le nº 61.
      Quant à vos raisonnements, ils sont bons mais partis à faux. Je vous les pardonne donc et même les ratures et la vieille et les Prussiens ! Soyez heureux !!!
      Pourtant s'il ne vous fallait qu'un signalement vague, pour m attirer les beautés de votre vieille âme sans flair, on pourrait dire par exemple : cheveux blonds, taille moyenne. Née entre l'an 1812 et l'an 1863. Et au moral... Non, j'aurais l'air de me vanter, et vous apprendriez, du coup que je suis de Marseille.
      P.-S. Pardonnez-moi les taches et les ratures, etc. Mais je me suis recopiée déjà trois fois.

Puesto en formato html por Thierry Selva:  http://maupassant.free.fr/