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Villa
Continental (Cannes)
[Enero de 1888]
Mi querido colega,
Le habría escrito antes si no estuviese desde
hace unos doce días presa de jaquecas. He sabido anteayer que su puesta en
escena no gustaba a Raimond Deslandes, que ha debido escribirle a usted
también. Eso no me sorprende más que a medias. Creo que no se puede trasladar
una novela al teatro como usted ha intentado hacerlo, sino que es necesario
crear una obra, componerla completamente de nuevo, según está dada en la
novela. Como yo ya le he escrito, considero el modo en el que el hijo Pierre
comienza a sospechar de su madre, inaceptable en la escena. Me parece por otro
lado que usted ha omitido lo esencial, es decir todas las escenas del retrato
que pueden y deben dar luz poco a poco en el espíritu de Pierre. Finalmente, no
comprendo como ha podido separar las escenas entre los dos hermanos, luego entre
la madre y Jean, escenas que tienen encadenamiento. Insisto en mi opinión sobre
el desenlace que no me parece posible relatado.
Si hago hincapié sobre todos estos puntos, es
que me he decidido muy dificilmente a dejar hacer esta pieza y que si me expongo
a un fracaso que me esperaría siempre y sobre todo a mi libro, no quiero
haberlo previsto. Acabo de pedirle, ante el rechazo del señor Deslandes si
usted está dispuesto a modificar por entero su puesta en escena en el sentido
que le indico y si tiene negociaciones iniciadas con un teatro y cerca de llegar
a algún acuerdo.
Usted me ha escrito solicitando autorización
para representar esta obra: « Acabamos de leer, mi amigo Arthur Buy y yo su
novela Pierre et Jean, y hemos tenido la idea de adaptar este estudio en
tres actos íntimos destinados esta vez a un teatro del bulevar y del que
estamos seguros desde este momento, absolutamente seguros.»
Esta frase subrayada por usted me ha convencido,
como cualquier otro habría hecho en mi lugar, de que usted había tratado ya
con un director que aceptaba su plan y le había inducido a escribirme. He
sabido con sorpresa, en la entrevista que hemos tenido que nada había de ello.
Añado que no habría respondido si rápidamente no hubiese creido la pieza
recibida en el teatro del que usted estaba seguro.
Esta situación hoy me pone en un cierto
compromiso. He aquí la razón: El señor Ferrari, el escritor italiano que ha
tenido gran éxito en el teatro desde hace quince años en su patria, me ha
pedido autorización de adaptación de Pierre et Jean para Italia y me
hace una oferta. No puedo responder nada. Esto me sería absolutamente
indiferente si el asunto estuviese resuelto por su parte, tal y como me lo ha
anunciado en su primera carta. Pero veo, por la respuesta del señor Deslandes
que nada está hecho.
Le ruego entonces, mi querido colega, que me
responda a dos cuestiones que le planteo. ¿Quiere modificar su puesta en
escena, que, tal y como me la ha leido, me parece muy peligrosa? ¿Puede tener
con un teatro del bulevar, un compromiso en firme?, compromiso que usted me ha
dado como seguro, como hecho, en su primera carta, lo que determinó mi
respuesta definitiva e inmediata. Los términos que usted ha empleado eran tan
precisos que no he tenido un instante de duda. Yo le he preguntado, cuando lo he
visto, de que teatro se trataba. Usted me respondió: « Le Vaudeville ». He
quedado a continuación más que sorprendido sabiendo que el señor Deslandes no
le conocía más que de nombre.
Crea, mi querido colega, en mis más devotos
sentimientos.
GUY DE MAUPASSANT
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
Villa
Continentale, Cannes.
25 mars 1888.
Mon cher confrère,
Je vous aurais écrit plus tôt si je n'étais
depuis une dizaine de jours en proie à la migraine. J'ai appris avant-hier que
votre scénario ne plaisait pas à Raimond Deslandes, qui a dû vous écrire
aussi. Cela ne m'étonne qu'à moitié. Je crois qu'on ne peut pas transporter
un roman au théâtre comme vous avez tenté de le faire, mais qu'il faut en
tirer une pièce, la composer complètement à neuf, d'après la donnée du
roman. Comme je vous l'ai déjà écrit. je considère la façon dont le fils
Pierre commence à soupçonner sa mère inacceptable à la scène. Il me semble
en outre que vous avez omis l'essentiel, c'est-à-dire toutes les scènes du
portrait qui peuvent et doivent amener la lumière peu à peu dans l'esprit de
Pierre. Enfin, je ne comprends pas comment vous avez pu séparer les scènes
entre les deux frères, puis entre la mère et jean, scènes qui se tiennent et
s'enchaînent. Je persiste en outre dans mon opinion sur le dénouement qui ne
me paraît pas possible en récit.
Si j'appuie sur tous ces points, c'est que je me
suis décidé très difficilement à laisser faire cette pièce et que si je
m'expose à un four qui m'atteindrait toujours et atteindrait surtout mon livre,
je ne veux pas l'avoir prévu. Je viens donc vous demander, devant le refus de
M. Deslandes si vous êtes disposé à modifier entièrement votre scénario
dans le sens que je vous indique et si vous avez en outre des négociations
entamées avec un théâtre et près d'aboutir.
Vous m'avez écrit en me demandant l'autorisation
de faire cette pièce : « Nous venons de lire, mon ami Arthur Byl et moi votre
roman Pierre et Jean, et il nous est venu l'idée de tirer de cette étude trois
actes intimes destinés cette fois à un théâtre du boulevard et dont pour
sommes sûrs dès à présent, absolument sûrs. »
Cette phrase soulignée par vous m'a convaincu,
comme tout autre l'aurait été à ma place, que vous aviez traité déjà avec
un directeur qui acceptait votre plan et vous avait engagé à m'écrire ? J'ai
appris avec étonnement, dans l'entrevue que nous avons eue qu'il n'en était
rien. J'ajoute que je n'aurais pas répondu : faites, si rapidement si je
n'avais cru la pièce reçue d'avance au théâtre dont vous étiez sûr.
Cette situation aujourd'hui me met dans un
certain embarras. Voici pourquoi : M. Ferrari, l'écrivain italien qui a eu le
plus de succès au théâtre depuis quinze ans dans sa patrie, me fait demander
l'autorisation de tirer une pièce de Pierre et Jean pour l'Italie et me fait
une offre. Je ne puis rien répondre. Cela me serait absolument indifférent si
les choses en étaient, de votre côté, au point où vous me l'avez annoncé
dans votre première lettre. Mais je vois, par la réponse de M. Deslandes que
rien n'est fait.
Je vous prie donc, mon cher confrère, de bien
vouloir répondre aux deux questions que je vous pose. Voulez-vous modifier
votre scénario, qui, tel que vous me l'avez lu, me paraît très dangereux ?
Pouvez-vous avoir avec un théâtre du boulevard, un engagement certain,
engagement que vous m'avez donné comme assuré, comme fait, dans votre
première lettre, ce qui a déterminé ma réponse définitive et immédiate.
Les termes que vous avez employés étaient tellement précis que je n'ai pas eu
un instant de doute. Je vous ai demandé, quand je vous ai vu, de quel théâtre
il s'agissait. Vous m'avez répondu : « Le Vaudeville ». J'ai été ensuite
plus que surpris en apprenant que M. Deslandes ne vous connaissait que de nom.
Croyez, mon cher confrère, à mes sentiments les
plus dévoués.
GUY DE MAUPASSANT
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/